Publié le 08 août 2019
La thérapie vu par un développeur
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Pour vous aider à vous préparer psychologiquement, je vous annonce que dans cet article, je vais parler de code informatique, de psychologie et d’alchimie (Mais le tout avec une certaine simplicité ou une explication sur les termes utilisés). Plus précisément, des métaphores que chacun de ces domaines sont les uns pour les autres et en quoi cela m’a aidé à avancer et à mieux comprendre comment je fonctionne.
La dette technique en informatique, c’est tous les raccourcis de développement qu’on fait dans la conception d’une application pour gagner du temps, en ignorant la qualité, et en sachant que ces choix seront payés plus tard avec un coût bien plus élevé.
En préambule, pour retracer les origines de cette motivation, de cette façon de voir le monde, qui m’a permis d’arriver à cet article, je vais parler un peu d’alchimie.
Très jeune, l’alchimie m’a beaucoup intrigué. Elle est à mi chemin entre poésie et mathématiques, science et spiritualité, réel et croyances, symboles et nombres.
À cette époque je n’étais pas aussi cartésien, je me cherchais et j’ai vu dans l’alchimie une recette du monde qui m’entourait, une équation qui modélisait l’univers, ainsi que tous ses mystères.
Le vitriol, communément dénommé acide sulfurique, est l’une des clefs fondamentales de la transmutation alchimique.
Il représente l’union du haut et du bas, du féminin et du masculin.
Mais le vitriol a aussi une autre signification alchimique, c’est un acronyme d’une phrase latine qui m’a toujours énormément marqué.
« Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem » se traduit par « Visite l’intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée »
Il y a 2 ans, suite à une rupture amoureuse douloureuse, j’ai entamé une thérapie pour m’aider dans cette transition. Et avec le temps, j’ai appris à aimer découvrir comment fonctionnaient les rouages de cette mécanique bien huilée qu’est l’esprit humain.
Pour moi l’alchimie est devenue, avec le temps, le symbole de ma thérapie, de cette exploration archéologique à l’intérieur de mon cerveau, dans ses tunnels et ses grottes souterraines.
La pierre cachée, la pierre philosophale, étant la meilleur version de moi-même que je souhaitais devenir.
Petite aparté sur l’étymologie du mot Apocalypse :
Emprunté au latin apocalypsis (« révélation »), lui même emprunté au grec ancien ἀποκάλυψις, apokálupsis (« action de découvrir »). Provenant du verbe grec καλύπτω, kalúptô (« cacher »), précédé du préfixe de privation ἀπό ápó. Littéralement donc « [chose] dé-cachée », et donc par extension, « [chose] dévoilée aux hommes », « retrait du voile qui cachait la chose », « le voile est levé ».
Aujourd’hui, j’ai fait un grand pas dans ma thérapie, comme si j’avais levé un voile opaque sur une toile araignée que j’avais terminé de tisser.
J’ai terminé de faire des liens entre la majorité des difficultés dans ma vie, dont j’ai pris conscience petit à petit pendant ces 2 années et que j’ai réussi à relier à leur origine, mon contexte familial.
Un gros nœud d’interconnexions émotionnelles, de peurs, de réflexes, de schémas et de projections, que j’avais fini par dénouer entièrement.
J’ai aussi appris à décrypter certains mécanismes humains liés aux émotions, leurs causes, leurs ramifications et leurs impacts dans ma vie.
C’est comme si, d’un coup, j’avais accès au code source de ma vie, écrit par mes parents de part mon éducation et mon environnement familial et que je prenais conscience des bugs de conception.
En gros, je prenais conscience que ma vie était un legacy code (un code historique, hérité, dépassé, mais qui est toujours en cours d’utilisation).
Je prenais conscience des conséquences que ces bugs ont eu pendant mon développement affectif et relationnel, les schémas qui se sont construits autour et la dette psychologique que j’ai nourris.
Avec le temps et les couches qui se sont empilés, l’accès à ces anciens fichiers, qui sont la base, les racines de ma personne, sont devenus compliqués, parce qu’ils étaient cachés ou parce que je ne pouvais plus les modifier.
Ma thérapie m’a permis d’explorer, retracer les schémas, documenter ce code, analyser ces bugs, parcourir leurs origines, développer des patchs pour corriger certaines conséquences, mais surtout retro-ingeniérer son fonctionnement (étudier comment réagit un objet pour déduire comment il fonctionne), en commençant par la surface avec une vision globale, puis de plus en plus détaillée en profondeur.
Et maintenant ?
Malheureusement j’en ai encore aucune idée, c’est là où j’en suis à l’heure actuelle.
Je suis comme un machine un peu bancale, mais qui fonctionne globalement bien, avec une documentation qui s’affine au fil du temps.
Ainsi qu’avec des défauts de conception dont j’ai conscience, mais dont je n’ai pas accès ou que je ne peux pas modifier.
Je développe des patchs que j’apprends à développer pour corriger les bugs.
Le tout, pour que je puisse communiquer et interagir le mieux possible avec l’extérieur.
Mais surtout grâce aux outils que la thérapie me donne pour analyser ce que je peux ressentir, apprendre à mieux écouter toutes les informations que mon corps peut me donner, retracer d’où ça peut venir dans mon histoire et comment réagir en conséquence.
En gros je suis entrain de rembourser ma dette psychologique.
Maintenant que je connais mieux mon fonctionnement, mes faiblesses et que je suis outillé pour y faire face, je dois apprendre à être indulgent envers moi-même et apprendre à vivre avec tout ça.
Les photos sont de moi même et ont été prise à la Demeure du Chaos, près de Lyon.